DÉCOUVREZ TOUS LES PODCASTS ET AUTRES RÉALISATIONS DE LA TOILE

Comment explique-t-on la différence des complexes entre les hommes et les femmes ?

6
minute(s) de lecture
14 03 2024

Qu’il s’agisse de notre poids, de nos bras, nos cheveux ou même de notre culture générale, nous avons tous (ou presque) des complexes. Complexer physiquement c’est se focaliser sur une partie de nos corps qu’on aime moins car elle ne correspond pas aux critères de beauté imposés par la société. Mais il existe aussi des complexes psychiques qui peuvent par exemple s’apparenter à un manque de confiance en notre intelligence ou à l'impression de manquer de culture. Dans tous les cas, les complexes naissent d’une comparaison et peuvent entraîner un sentiment d’infériorité ou une baisse de l’estime de soi. Et malgré l’arrivée du mouvement “body positive” qui favorise l’acceptation et l’appréciation de tous les types de corps, les médias continuent à mettre en avant des standards de beauté souvent inatteignables, pouvant créer des complexes.

 

Les femmes et leurs complexes

 

Celles qui sont plus majoriairement touchées par ce phénomène, ce sont les femmes. Et cela ne va pas en s’arrangeant. Selon un sondage de l’Ifop/Flashs réalisé pour le site Voyageavecnous.fr, 60 % des femmes n’aiment pas leur corps. Alors qu’en 2013, selon un sondage Ifop rapporté par L’OBS, elles étaient  46 % à déclarer ne pas aimer leur corps. Malheureusement, le temps n’arrange pas les choses puisque selon le journal Sud Ouest, “plus les femmes vieillissent, moins elles aiment leur corps. Ainsi, elles sont 19 % à être dans cette situation entre 15 et 17 ans, 47 % entre 18 et 24 ans, 49 % entre 25 et 34 ans, 61 % entre 35 et 49 ans, 63 % entre 50 et 64 ans et 76 % après 65 ans”. 

 

Ces complexes sont généralement physiques et ont de réelles répercussions sur leur vie, notamment sexuelle. Selon Le Journal de Montréal, le top 3 des complexes des femmes serait leurs fesses, jugées “trop (ou pas assez) grosses pour être sexy”, la poitrine, trop grosse, trop petite ou trop tombante, est un gros sujet de complexe pour un certain nombre de femmes. Et enfin le poids, évidemment, fait également partie du classement. Résultat : les femmes ont moins confiance en elles et se mettent sur la retenue ! 

 

Les hommes aussi ont des complexes

 

Bien que les femmes soient plus touchées par les complexes physiques, les hommes sont aussi beaucoup à complexer. Selon un sondage de l’Ifop/Flashs réalisé pour le site Voyageavecnous.fr, près d’1 homme sur 3 n’aime pas son corps. Et le pic intervient entre 50 et 64 ans où 2 hommes sur 5 ne sont pas satisfaits de leur corps…

 

En 2014, un 5748 hommes ont exposé leurs complexes sur le réseau social Reddit en répondant à la question “Quels sont vos plus grands complexes ?”. Parmi les réponses les plus citées : la taille du pénis, la calvitie, la transpiration et la poitrine. 

 

Ce sondage s’est confirmé 2 ans plus tard avec une étude britannique menée par le groupe Benenden Health et relayée par le magazine Medisite, indiquant que les hommes passent plus de 3h par semaine à stresser pour leur image. 

 

Le Journal de Montréal indique que, comme les femmes, les hommes aussi ont des complexes sexuels qui impactent leur pratiques. Qu’il s’agisse de la taille de leur pénis, de leur pilosité ou de leur ventre, ces complexes affaiblissent leur estime d’eux, ce qui les rend moins assurés, pouvant provoquer des problèmes d'érection ou d’éjaculation. Le magazine Madmoizelle explique que des complexes tels que la taille du pénis proviendraient en grande partie du porno. Hugo, 26 ans, y témoigne : “Oui j’ai des complexes physiques : je perds mes cheveux, j’ai une bite plus petite que la moyenne. Ce sont, je pense, les complexes que l’on retrouvera chez le plus d’hommes. Pour le deuxième, on va pas se le cacher, la plupart des pénis qu’un homme hétéro a vu ou verra dans sa vie sont issus de films pornographiques. Je pense que ces visions jouent beaucoup dans l’inconscient collectif et créent une pression dans l’esprit de certains.” 

 

De nombreuses injonctions pèsent sur les hommes et pour autant, le sujet n’est encore que très peu évoqué. Le rapport des hommes à leur corps et à leurs complexes est un sujet tabou, qui se traduit dans les esprits comme un signe de faiblesse, de vulnérabilité et donc un manque de virilité. La pédiatre Cara Natterson explique que les standards de beauté pèsent aussi sur les garçons, mais que ces derniers évitent d’en parler à cause d’une éducation genrée qui leur a appris à ne pas exprimer leurs émotions.

 

L’impact du summer body

 

Mais s’il y a bien quelque chose qui n’arrange pas la situation, c’est l’arrivée de l’été et de son fameux “summer body”. Cette appellation désigne l’objectif que se fixent certaines personnes pour atteindre leur “corps parfait” ou en tout cas suffisamment parfait pour se sentir à l’aise sur la plage. Selon le journal Sud Ouest, 78 % des hommes et 93 % des femmes aspirent à un corps parfait pour l’été. Déjà qu’en temps habituel, les injonctions au corps parfait fusent avec la pression médiatique, les photos des magazines et les réseaux sociaux, mais avec l’approche de l’été, les complexes des hommes et des femmes sont exacerbés.

 

Dans ces circonstances, le journal Sud Ouest affirme que “l’approche de l’été éveille des troubles anxieux chez de nombreuses personnes : 49 % des femmes interrogées ont connu des périodes intenses de stress, de nervosité ou d’anxiété (29 % chez les hommes), 40 % ont souffert de troubles du sommeil (30 % chez les hommes), 35 % ont connu des épisodes de dépression (21 % chez les hommes). De manière générale, 69 % des personnes qui disent ressentir des troubles mentaux à l’approche de l’été affirment ne pas du tout aimer leur corps”. 

 

Pour ce qui est de la présence sur la plage en elle-même, l’étude prouve que 67 % des femmes ne sont pas à l’aise en maillot de bain sur une plage, contre 61 % il y a 10 ans. Seulement  39 % des hommes affirment être concernés par ce complexe.

 

Suite à ces études, deux teams s’opposent. Tout d’abord il y a ceux qui vont tout faire pour préparer au mieux leur summer body, que ce soit par le contrôle de la pilosité, du sport, un régime ou même une préparation au bronzage ! Et puis il y a ceux qui vont se sentir honteux de leur corps et qui vont donc mettre en place différents stratagèmes pour le cacher. Cela va passer par l’adoption du maillot de bain une pièce au détriment du bikini , mettre des vêtements pour cacher ses complexes et même rentrer son ventre quand celui-ci est apparent.

 

Les réseaux sociaux, vecteurs de complexes

 

Malheureusement, les comparaisons qui donnent lieu aux complexes ne s’arrêtent pas dans la rue ou sur la plage. Elles continuent également sur les réseaux sociaux et attention à ne pas négliger leur impact ! 

 

Une étude rapportée par le journal 24 Heures, concernant l'influence d’Instagram sur l’estime personnelle des hommes et leurs complexes a été menée par des chercheurs de la Flinders University travaillant avec Marika Tiggemann, professeure en psychologie. Ils ont observé et analysé les réactions de 300 jeunes hommes, âgés de 18 à 30 ans, après leur avoir montré des photos d’influenceurs sur Instagram. Résultat ? Regarder des clichés d’hommes musclés et torses nus a eu un impact négatif. Les participants étaient ainsi beaucoup moins satisfaits de leur propre corps après les avoir visionnés. Marika Tiggemann conclut : “Les gens pensent encore que les hommes ne souffrent pas de ce genre de comparaisons, et pourtant notre étude prouve le contraire”.

 

Eh oui, car depuis quelques années, Instagram a brisé cette frontière de l’homme uniquement érotisé dans les publicités, ce qui impacte ainsi les hommes dans leur vie de tous les jours.Touchés par les injonctions de beauté, “les hommes sont donc rentrés dans cette logique de soin de soi et de son corps” explique le psychologue Josselin Tricou.

 

La professeure en psychologie Marika Tiggemann renchérit en expliquant qu’avant «La question de l’image de son corps était traditionnellement quelque chose qui n’intéressait pas les garçons et les jeunes hommes. Ils étaient davantage concernés par la fonctionnalité, par exemple qui courait le plus vite. À l’époque, chaque garçon voulait être le plus fort, aujourd’hui c’est à qui a l’air le plus fort». Cela se traduit aujourd’hui par les nouveaux modèles de beauté masculins. Selon le magazine GQ, les hommes ne veulent plus ressembler à Schwarzenegger mais se réfèrent davantage à des corps musclés mais plus secs. Le healthy lifestyle (mode de vie sain) est donc plus que jamais au rendez-vous ! Pour autant, les figures qui le représentent affiche un idéal de beauté qui reste complexant et difficile à atteindre.

 

Bien que de nombreuses injonctions de beauté soient toujours présentes, aussi bien pour les hommes que pour les femmes, on peut tout de même assister à une évolution des mentalités. Les femmes apprennent à s’éloigner des diktats de la société et les hommes s’affirment dans un mouvement d’émancipation et de diversification des formes de masculinité. Ils commencent même à en parler ouvertement, notamment sur les réseaux sociaux avec des comptes Instagram tels que @tubandes ou @lesgarconsparlent, qui permettent de libérer la parole sur la pression que subissent les hommes sur leur image.

Le sociologue à l’Université canadienne Concordia, Marc Lafrance explique dans une interview pour le journal La Presse que si la pression de l’image corporelle est en hausse chez les hommes, ces derniers ont « encore et toujours plus de marge de manœuvre que les femmes ». C’est pourquoi il est primordial que les hommes et les femmes s’allient pour déconstruire les schémas et stéréotypes patriarcaux.

Et si vous voulez découvrir le témoignage de Rosa Bursztein sur son rapport aux complexes, foncez écouter l’interview d’ON TISSE LA TOILE !

Par Elsa FRANCOIS


News

Abonnez-vous gratuitement au podcast