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Être mère et entrepreneure : comment (ré)concilier les deux ?

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24 06 2024

Si les femmes ont aujourd’hui tendance à privilégier leur carrière par rapport à leur vie de famille, d’autres font plutôt le choix d’allier les deux. De nombreuses femmes combinent désormais maternité et création d’entreprise, et leur choix est loin d’être insensé ! Entre flexibilité, responsabilité et organisation, être mère et entrepreneure demande les mêmes qualités. Cela dit, ces deux voies sont connues pour parfois être très difficiles. Alors, quels sont les obstacles que rencontrent les “Mompreneurs”, cette nouvelle génération de mamans entrepreneures ?

 

Les défis de la maternité

 

Si la maternité est souvent une très belle étape dans la vie d’une femme, elle reste liée à de nombreux obstacles. Les mères subissent souvent une grosse charge mentale, car elles doivent souvent combiner de multiples responsabilités familiales, comme la gestion du foyer. Aujourd’hui, les femmes sont encore les plus impliquées dans les tâches ménagères, ce qui contribue à déséquilibrer la répartition des tâches entre hommes et femmes dans la sphère privée et à accentuer la charge de travail des mères.

 

La maternité est aussi synonyme de charge émotive vis-à-vis des enfants, parfois facteur de stress pour les mères. Pour Morning Femina, Marion, mère de trois enfants, explique : “J’ai toujours eu des inquiétudes concernant la santé de mes enfants. Les maladies infantiles, les vaccins, tout peut être source d’anxiété.” Ces multiples inquiétudes peuvent aussi peser sur la vie du couple, notamment s’il y a un manque de communication ou d’implication du père dans la vie de famille !

 

Pour les “Mompreneurs” (et, de manière générale, pour les femmes qui travaillent), trouver un équilibre entre carrière et vie de famille est un véritable défi. Les mères peuvent ressentir beaucoup de culpabilité ou de stress à l’idée de devoir jongler entre les deux, comme l’explique Sophie pour Morning Femina : “Trouver l’équilibre entre ma carrière et mes enfants a été un défi constant. J’ai souvent ressenti de la culpabilité de ne pas être suffisamment présente à la fois au travail et à la maison.” Un arbitrage qui peut devenir pesant à vivre au quotidien !

 

Et encore plus alarmant, la maternité creuse les écarts de salaire entre les femmes salariées et les hommes, à tel point que l’on parle d’une “pénalisation de la maternité” ! Cette pénalisation résulte de discriminations de la part de certains employeurs, qui voient dans la maternité un désintérêt pour le travail. D’après un article de Knowledge at Wharton, les femmes se tournent donc de plus en plus vers l’entrepreneuriat après leur grossesse pour faire face à ces inégalités ! Pour les “Mompreneurs”, la transition entre salariat et entrepreneuriat peut ainsi être difficile à vivre.

 

Les difficultés de l’entrepreneuriat pour les femmes

 

L’entrepreneuriat féminin est en plein essor en France ! Selon une étude menée par Bpifrance Création, la part des créations d’entreprises portées par des femmes a augmenté de deux points entre 2018 et 2022, atteignant 39 % du total des créations d’entreprises. Mais l’entrepreneuriat féminin rencontre toujours de sérieux obstacles, liés à des facteurs économiques ou socioculturels.

 

Le site Agir & Entreprendre note que les femmes ont souvent des difficultés à obtenir des financements externes. Ce facteur économique est souvent lié à des préjugés de genre. “Parfois jugées peu expérimentées, souvent estampillées peu fiables, les banques ou autres organismes de crédit ont encore beaucoup de réticences à leur faire confiance.” Ces biais à l’entrée empêchent les femmes d’investir autant qu’elles le souhaitent dans leur entreprise, ou les conduisent à investir l’argent du ménage dans leur projet. Ceci n’est pas sans risque, et renforce le sentiment de culpabilité entre famille et travail ! Agir & Entreprendre explique ainsi que “la non capacité ou volonté de prendre le risque de ‘ruiner’ la famille est la première cause d’abandon” dans l’entrepreneuriat féminin.

 

D’autre part, les facteurs socioculturels conditionnent beaucoup le parcours des femmes dans l’entrepreneuriat. Un article de Proparco, au sujet de “l’empowerment” des femmes dans l’entrepreneuriat, explique : “Les normes culturelles et sociales, moins visibles et moins mesurables [...] viennent également entraver sur les plans physique et psychologique le niveau d’indépendance, le sens des priorités et les aspirations individuelles des femmes.” Ces normes concernent en particulier la reconnaissance sociale attribuée aux femmes entrepreneures. Elles sont moins estimées socialement dans le monde du travail, ce qui les conduit à devoir s’imposer davantage que les hommes.

 

Enfin, une étude de l’Association pour le Droit à l’Initiative Economique (Adie), relayée par les Echos Solutions, montre que toutes ces barrières entraînent un manque de confiance chez les femmes entrepreneures : 1/4 d’entre elles considèrent manquer de confiance en elles. D’autres biais en sont aussi responsables, comme le manque de modèles féminins dans le domaine de l’entrepreneuriat, les barrières structurelles, ou encore la difficulté de concilier vie de famille et travail. Mais justement, on y vient !

 

Comment allier famille et entrepreneuriat ?

 

On l’a vu, être mère ou entrepreneure n’est pas sans difficultés. Et on pourrait croire qu’il est impossible de concilier les deux ! Mais ce n’est pas le cas, car la maternité et l’entrepreneuriat ont pourtant beaucoup en commun.

 

D’abord, être mère et entrepreneure demande des qualités semblables ! Que ce soit pour gérer une entreprise ou une famille, les femmes savent se montrer flexibles, impliquées, organisées, forces de proposition et créatives. Elles sont aussi qualifiées pour gérer des budgets, comme le mentionne Bpifrance Création : “Les femmes sont considérées comme ayant une bonne gestion de leur entreprise, prudente et économe. Elles ont le sens de l’épargne et préfèrent emprunter peu.” Alors, autant utiliser ses atouts dans plusieurs domaines ! Cependant, pour garder un équilibre, il faut distinguer clairement vie parentale et activité professionnelle, pour pouvoir s’investir pleinement dans ces deux tâches.

 

D’autre part, le nombre de “Mompreneurs” a augmenté depuis la fin des années 90, notamment avec l’essor du télétravail, ce qui permet aux mères entrepreneures de se retrouver et d’être davantage accompagnées. Le site elleboss, qui propose des services de coaching à destination des femmes, explique : “[Les “Mompreneurs”] ont réussi à tisser de nombreux réseaux et associations à travers toute la France. Cette sororité et ce soutien mutuel qu’elles partagent leur apportent force et crédibilité.” Le fait d’être mère faciliterait même les connexions, notamment grâce à la scolarisation des enfants !

 

Enfin, des politiques sont menées par l’Etat pour faciliter la conciliation entre vie de famille et vie professionnelle. L’Etat a notamment instauré un système de “congé maternité unique” permettant aux femmes cheffes d’entreprise de bénéficier d’un congé aligné sur celui des salariées. Ainsi, que l’on soit auto-entrepreneure, freelance, ou salariée, le Code du Travail précise que toute femme enceinte bénéficie d’un congé maternité qui débute six semaines avant la date estimée de la naissance de l’enfant et prend fin dix semaines après l’accouchement ! Une bonne avancée, mais qui mérite d’être accompagnée par d’autres mesures pour vraiment soutenir l’effort féminin dans l’entrepreneuriat.

 

Il y a encore du chemin à faire, même s’il est donc possible de (ré)concilier entrepreneuriat et famille ! Et pour cause : on a rencontré l’entrepreneure Arbia Smiti, fondatrice de Rosaly, qui nous a parlé de son business et de son quotidien de mère. Pour elle, il est même plus difficile d’élever des enfants que de monter une boîte ! Son interview est à retrouver en exclu sur ON TISSE LA TOILE !

 

Par Marion TSCHUDY


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