Si l’amour n’a pas d’âge, la sexualité semble atteindre ses limites après la retraite. Détrompez-vous ! Libérés du travail et de la fertilité, les seniors ont davantage le temps d’avoir une vie sexuelle active. Pourtant, la sexualité des plus de 60 ans reste encore tabou dans notre société. Alors, comment nos aînés vivent-ils leur rapport au sexe ? Et pourquoi personne n’en parle ?
Quelle est la place de la sexualité dans la vie des seniors ?
Contrairement aux idées reçues, les seniors ne se détournent pas du sexe avec l’âge ! Selon le rapport annuel des Petits frères des pauvres en 2022, 50 % des personnes âgées ont des relations intimes. Et surtout, 91 % d’entre elles en sont satisfaites. La libido des seniors serait aussi semblable à celle de leurs jeunes années, d’après une étude relayée par Passeport Santé.
Pourquoi ? La psychologue Marie de Hennezel explique pour Madame Figaro que le désir, comme le sexe, n’a pas de date de péremption. Les seniors peuvent donc toujours avoir de l’intérêt pour les relations sexuelles ! Interrogée pour le magazine, Dominique, 65 ans, explique qu’à l’aube de la retraite, elle a voulu “se reconnecter au plaisir de la chair”. De son côté, Amélie, 62 ans, raconte pour Slate : “Ma vie sexuelle est totalement épanouie. Plus le temps passe, plus elle est extraordinaire (quasi quotidienne)” !
Cependant, le désir peut tout de même baisser avec l’âge, et ce pour des raisons physiologiques. Le désir est lié à la sécrétion d’hormones sexuelles, testostérone chez les hommes, œstrogène et progestérone chez les femmes. Avec la vieillesse, la quantité d’hormones sexuelles produite diminue, ce qui affecte le désir. Pour certaines personnes, les envies peuvent donc être moins fréquentes et moins pressantes ! Mais le désir ne disparaît pas complètement : la sexualité prend simplement d’autres formes.
La sexualité chez les seniors : qu’est-ce qui change ?
Si les seniors ont toujours des rapports intimes, ceux-ci changent après 60 ans. D’après Le Mag du Senior, l’état de santé (fatigue, risques cardiaques, démence, douleurs…) est le facteur le plus déterminant dans l’évolution de leurs pratiques sexuelles : certaines positions ne peuvent plus être pratiquées avec l’âge, à cause de douleurs articulaires ou de manque de souplesse. Les pratiques “hardcore” comme le BDSM, sont aussi à éviter, car elles peuvent générer du stress ou de la douleur. Enfin, des troubles physiologiques, comme la sécheresse vaginale ou des dysfonctionnements érectiles, peuvent aussi advenir et altérer les rapports sexuels.
Pour pallier ces changements physiologiques, les pratiques des seniors évoluent avec eux ! La tendance du “slow sex”, définie par le sociologue Alberto Vitale, est de plus en plus en vogue chez les seniors. Elle consiste à orienter le sexe autour de la lenteur et la tendresse, sans subir la pression de devoir faire une performance. Pour Slate, Claude, 70 ans, explique que lui et sa compagne ont “développé un érotisme plus poussé [...] où les mots, les caresses, les sextoys et d’autres choses sont de mise”. Une manière de dépasser la vision du rapport sexuel comme seule pénétration !
Le rapport à l’autre peut aussi évoluer avec l’âge. Si les seniors mariés gardent généralement les mêmes partenaires et habitudes, existant depuis des années, il est souvent difficile de trouver un partenaire sexuel pour les veufs ou les seniors divorcés - dont le nombre a doublé entre 2004 et 2014 selon le Figaro.
Pour y remédier, des sites de rencontres pour les seniors, comme Disons Demain, se multiplient sur Internet. Le site de Meetic y répertorie 1,8 millions de célibataires inscrits, ainsi que de nombreux témoignages positifs : “Disons Demain m’a offert une nouvelle chance de rencontrer l’amour après mon veuvage”, déclare Bernard, 60 ans, pour SoDating. Les sites de rencontres ouvrent ainsi de nouveaux horizons pour les seniors !
Lever les tabous et les préjugés sur la sexualité des seniors
Malgré leur appétit sexuel, les seniors subissent toujours des non-dits concernant leur sexualité. Le Dr Patrick Papazian, interrogé pour Madame Figaro, explique que “la sexualité des seniors relève de ‘l’inceste’ dans l’imaginaire. Selon Freud, la visualiser revient à fantasmer sur ses parents et donc constitue un interdit fondamental”. Le médecin la qualifie ainsi du “tabou ultime de notre société”, qui nous renverrait sans cesse à nos propres parents ou grands-parents.
D’autre part, Le Mag du Senior note que “la sexualité est aussi associée à la jeunesse, au fait d’être désirable”, ce qui “empêche les plus jeunes d’imaginer que leurs parents et leurs grands-parents puissent encore éprouver de l’attirance [...] et du coup ne permet pas aux plus âgés de continuer à parler librement de leur sexualité”. Un tabou qui bloque également les discussions intergénérationnelles sur la sexualité, pourtant importantes à avoir.
Les non-dits persistent aussi dans les EHPAD, qui proposent toujours peu de moyens aux seniors pour répondre à leurs envies sexuelles. Néanmoins, certains établissements respectent l’intimité de leurs résidents grâce à des panneaux “Merci de ne pas déranger” à afficher sur leurs portes, voire en leur distribuant des sextoys. C’est notamment le cas en Suède, dans la maison de retraite Lindgården, où ont été distribués des “paniers de plaisir”, constitués de sextoys et de lubrifiants !
Des initiatives sont aussi prises à plus grande échelle pour briser ces tabous. Déjà dans la pop culture : la série Grace et Frankie, sortie en 2015 sur Netflix, évoque ouvertement la sexualité de femmes seniors et a contribué à casser les préjugés généralement associés à la vieillesse ! Et puis on a aussi rencontré Caroline Ida, mannequin silver et influenceuse de 64 ans, qui parle de sexualité sur son compte Instagram pour lever les tabous. Pour en savoir plus sur la libido, la drague ou les rapports à 60 ans, son interview est à retrouver en exclu sur ON TISSE LA TOILE !
