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Le syndrome de l’imposteur : quel impact au travail ?

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04 03 2024

Ça vous est déjà arrivé de vous dire “non mais si j’ai réussi c’est uniquement par chance” ou “je ne pense pas que je mérite ce poste” ou encore “et si mes proches se rendent compte que je suis une fraude et que je ne suis pas aussi compétent.e qu’ils le pensent” ? Ne vous inquiétez pas, vous n’êtes pas seuls ! On appelle ça le syndrome de l’imposteur et selon une étude de Journal of Behavioral Science, 70% de la population serait concernée. 

 

Le syndrome de l'imposteur, c'est quoi exactement et comment on le ressent ?

 

Ce syndrome de l’imposteur, autrement appelé le syndrome de l'autodidacte, est un cycle qui se déroule en plusieurs étapes. Il y a d’abord l’activité à réaliser, qui procure de l’anxiété et entraîne une procrastination ou du surinvestissement. La tâche est finalement réalisée avec succès mais la personne atteinte de ce syndrome attribue cette réussite à la chance ou à l'effort. Cependant, en cas d’échec, la personne va se sentir entièrement responsable et ne prendra en compte aucun facteur externe qui aurait pu altérer le résultat. Elle va même jusqu’à rejeter tous les feedbacks positifs, et donc sa réussite, ne se sentant pas légitime de son succès. Enfin ce cycle se termine par une impression d’être une fraude, de duper son entourage, de ne pas être à la hauteur et de ce fait, avoir peur de se faire démasquer. 

Ce phénomène, assez répandu, peut intervenir à différents moments de la vie et surtout à différents niveaux. Il peut se manifester dans un cadre personnel, sportif, parental… mais aussi au travail ! Si on se concentre sur cette partie-là, le syndrome arrive généralement lors de périodes/phases de transitions. Par exemple, lorsqu’un étudiant débarque dans le monde du travail, il peut avoir l’impression de ne pas être à niveau par rapport à ce qu’il a appris à l’école car généralement, l’écart entre l’apprentissage scolaire et les attentes professionnelles peut se faire ressentir. Mais le syndrome de l’imposteur peut aussi se faire remarquer lors de la prise d’un nouveau poste, plus élevé, comme celui de manager. D’ailleurs, selon une étude de YouGov pour le journal Capital, “62 % des managers français se disent victimes du syndrome de l'imposteur”. Cela impacte donc, de manière générale, des personnes plus avancées dans leur carrière. Comme quoi, le syndrome de l’imposteur peut vous toucher à n’importe quel moment !

Il y a également certains facteurs à prendre en compte. En effet, certains profils sont plus susceptibles d’être confrontés à ce phénomène. La docteure et autrice Valerie Young évoque notamment les étudiants ou les créatifs, qui se comparent souvent avec des personnes jugées talentueuses, mais aussi des personnes qui réussissent très jeunes et qui remettent donc en question leur légitimité. Elle évoque aussi les minorités sociales ou les groupes sociaux victimes de discriminations mais encore les entrepreneurs, qui fondent globalement leur réussite sur les (rares) feedbacks qu’ils reçoivent. Enfin, elle affirme que l’éducation joue un rôle crucial dans le développement ou non du syndrome de l’imposteur. En effet, cela varie selon l’éducation reçue, si les parents ont plutôt tendance à soutenir ou à exercer une pression sur leurs enfants. Aussi, si les parents ont eu une brillante carrière, les enfants auront davantage tendance à se comparer et ainsi ressentir le besoin de faire aussi bien que leurs parents.

 

Attention à ne pas tomber dans ce cercle vicieux !

 

Avant d’aller plus loin, il est important de rappeler certains points : le syndrome de l’imposteur n’est ni une maladie ni un trouble mental. C’est un ensemble de symptômes et de ressentis qui permettent d’orienter le diagnostic. Pour le diagnostiquer, il faut par ailleurs consulter un spécialiste et réaliser le test de l'Échelle de Clance.

Pour revenir au syndrome de l’imposteur en  lui-même, il faut savoir que selon le centre médical Livi, il en existe différents types. Il y a par exemple le “perfectionniste”, qui cherche, comme son nom l’indique, la perfection absolue dans tout ce qu’il entreprend. La moindre erreur lui apparaîtra comme un échec et il aura du mal à accepter toute forme de réussite si celle-ci n’est pas entière. Il y a ensuite le “génie naturel” qui a des facilités pour se sortir de n’importe quelle situation. Le moindre obstacle sera ainsi pour lui un échec. Il y a aussi le “solitaire” : habitué à tout gérer seul dans sa vie, demander de l’aide le fera se sentir faible et baissera encore son estime de lui. Il y a également “l’expert”, qui a acquis un nombre conséquent de connaissances et qui aura donc le sentiment d’être une fraude s’il se rend compte qu’il manque de connaissances sur un sujet. Enfin, il y a le “super-héros” : il aime sans cesse repousser ses limites et stagner ou avoir l’impression de ne pas évoluer peut s’imposer à lui comme un échec. 

Ce cercle vicieux touche donc différents types de profils ! Mais s’il y a bien une part de la population qui est davantage touchée par ce syndrome, ce sont les femmes. Une étude des Assises de la Parité datant de 2021 affirme que 75% des femmes seraient concernées par cette dévalorisation constante contre 50% des hommes. Selon les psychothérapeutes et spécialistes Elisabeth Cadoche et Anne de Montarlot pour le magazine Sciences Humaines, cela peut s’expliquer par différents facteurs. Tout d’abord, les femmes subissent davantage de pression pour être performante au travail notamment à cause de clichés comme “les femmes ne savent pas négocier” ou “les femmes ne sont pas faites pour être au pouvoir”. Pour rebondir sur ce dernier point, le manque de représentation de femmes à hauts postes n’aide pas ! Il est donc plus difficile pour elles de se projeter et donc se sentir légitime face à leur succès.

 

Quelles conséquences au travail ?

 

Le syndrome de l’imposteur peut avoir de lourdes conséquences sur vous et votre travail. C’est pourquoi il ne faut pas le prendre à la légère ! Généralement ça commence avec des phrases de dévalorisation telles que “j’ai eu de la chance”, “ils me surestiment” ou “je n’ai pas ma place ici”. Les personnes souffrant de ce syndrome n’ont pas conscience de leur valeur et vivent avec ce constant sentiment d’être une imposture. Mais les conséquences peuvent être bien plus graves que ça ! Le syndrome de l’imposteur peut engendrer de l’anxiété, de la peur (de ne pas être à la hauteur ou d’être démasqué), une diminution du bien-être, provoquer une baisse de l’estime de soi, un faible sentiment d’efficacité… Dans les cas les plus graves, cela peut même aller jusqu’à un épuisement professionnel ou à un burnout si la personne concernée fait preuve de surinvestissement. Il est donc nécessaire de bien comprendre les enjeux d’un tel syndrome et de se faire aider au risque de mettre en péril votre santé et votre travail.

 

Comment sortir du syndrome de l’imposteur ?

 

Mais pas de panique ! Comme nous l’avons dit précédemment, vous n’êtes pas seul.es. Et avec la propagation de ce phénomène, des solutions ont été trouvées. Le média Welcome to the Jungle en donne certaines ! Vous pouvez par exemple créer un tableau de réussites en 3 parties : la description de la situation de succès, la cause que vous attribuez spontanément à ce succès et enfin la réelle cause de ce succès. Selon la psychologue Pauline d’Heucqueville, cela permettrait de “déjouer les pensées automatiques du cerveau en se raccrochant à des faits concrets”. Vous pourrez ainsi mieux assimiler vos réussites en les rattachant à des éléments factuels, ce qui va vous permettre de différencier vos compétences perçues de vos compétences réelles. Autre exercice que vous pourrez faire, cette fois-ci à l’aide d’une feuille de papier. Tracez une ligne avec le mot “imposteur” d’un côté et le mot “moi” suivi de vos compétences (hard skills, soft skills, savoir-être) de l’autre côté. Maintenant, essayez chaque jour de voir où vous vous situez en expliquant pourquoi ! Pauline d’Heucqueville explique que le but est de “vous faire réaliser que vous réussissez objectivement ce que vous entreprenez”.

Si ces exercices peuvent être d’une grande aide, la plateforme de santé mentale au travail Moodwork explique qu’il y a d’abord des étapes primordiales à traverser pour vous accompagner dans votre healing process. Tout d’abord, il est important de reconnaître le syndrome grâce à différents signaux qui pourraient vous alerter. Cette prise de conscience est votre première étape pour vous débarrasser de ce syndrome. Maintenant, il faut vous permettre le droit à l’erreur ! Cela va diminuer la pression et la peur de l’échec. Vous pouvez aussi libérer la parole sur la peur d’échouer et ainsi normaliser le phénomène qui pourrait toucher d’autres personnes dans votre entourage personnel comme professionnel !

Bref, vous l’aurez compris, le syndrome de l’imposteur touche une large partie de la population et peut avoir de lourdes conséquences. Seulement, si on arrive à le déceler, il est possible de s’en sortir ! Et si vous voulez entendre l’humoriste David Castello-Lopes nous parler de son ressenti en tant que travailleur acharné, n’hésitez pas à aller écouter son interview ON TISSE LA TOILE au micro de Pénélope Bœuf !

Par Elsa FRANCOIS


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